Il y a rarement un automne doré en Sibérie. Le début du mois de septembre est presque toujours encore chaud, mais les gelées nocturnes attendues apportent un froid auquel de nombreuses plantes ne peuvent résister. C’est ainsi que l’on vient au jardin et que l’on regarde tristement les feuilles et les tiges noircies des capucines et des soucis, les lobes ratatinés des hostas et les dentelles fanées des astilbes. Chaque année, j’espère que ce mois de septembre sera peut-être plus chaud et qu’au moins jusqu’à la fin du mois, j’admirerai les plantes vivaces d’automne. Les graminées ornementales (Penisetum, Miscanthus, Calamagrostis), les asters d’automne, les Echinacea et les Rudbeckia restent magnifiques. C’est pourquoi, pour notre région sibérienne, je recommande toujours ces plantes vivaces d’automne, qui rendront le jardin intéressant jusqu’à l’hiver et resteront décoratives dès qu’elles seront au-dessus de la couche de neige.

Le feuillage des arbres et des arbustes change rapidement de couleur. Il faut profiter de ces journées où il devient doré et écarlate. Dès que le premier vent fort arrive, il emporte presque tout le feuillage. Il ne reste plus qu’à admirer la géométrie des branches sur fond de ciel d’automne presque toujours d’un bleu éclatant. Pour moi, ces squelettes d’arbres sont plus beaux que les conifères qui restent inchangés toute l’année. Il est intéressant d’observer la structure des branches, leurs courbes bizarres et leurs motifs géométriques. Les gouttes de pluie d’automne gèlent sur les brindilles, puis ces vecteurs glacés se reflètent au soleil et brillent d’un éclat argenté. Plus tard, le gel recouvre les feuilles de l’herbe et les bourgeons des roses s’ouvrent, survivant mystérieusement au gel de l’automne. Ces beautés résistent jusqu’au bout et fleurissent peu à peu, vainquant le froid.

Et si l’on quitte le jardin et que l’on se promène sur le sentier favori qui mène au lac, il y a un tableau plus beau que l’autre. Non, il n’y a pas ici de feuillage d’automne d’un écarlate éclatant. Tout est modérément sobre, noble, transparent… Les reflets dans l’eau de la végétation riveraine et du ciel froid incitent à rester sur place et à regarder.

Je peux le regarder sans m’en détacher, des pensées de nature éternelle s’emparent de moi, je suis amené à philosopher sur le thème de la vie et de la mort. C’est à ce moment-là que je sens toujours que je fais partie de la nature, que mon corps et mon âme sont la même matière dont sont tissés la feuille d’automne et ce mince roseau au-dessus de l’eau…

Les photos ont été prises par Tatiana Belkina. Photo d'une rose du jardin de ma sœur Nadezhda faite par elle il y a quelques jours.